Masque FFP, masque chirurgical ou masque en tissu fabriqué à la maison… Nous avons tous en tête ces mots faisant partie du langage commun depuis le début de l’épidémie en décembre 2019. Ces 3 types de masques n’ont pas le même niveau de protection face au virus SARS-COV-2. Nous allons essayé d’y voir plus clair sur l’efficacité de chacun d’entre eux. Une grande partie de l’article prend sa source du guide édité par l’OMS du 5 juin 2020 sur l’utilisation des masques dans le contexte du Covid-19.
Quels sont les menaces en présence ?
Quand on parle de protection, il faut bien dissocier deux types de risques qui peuvent engendrer la maladie du Covid-19 : l’inhalation, d’une, de gouttelettes d’eau et, de deux, de particules en suspension expulsées par une personne atteinte du virus. Quand vous toussez, vous éternuez, vous parlez ou vous respirez, votre bouche et votre nez expulsent, ce que l’on appelle, des aérosols : un magma de gouttelettes d’eau d’une taille comprise entre 1 micromètre et 100 micromètres qui embarquent bactéries (de 0,5 à 5 micromètres) et virus. Dans le cas du virus SARS-COV-2, la taille des gouttelettes est de 0,1 micromètre. Là où les gouttelettes d’eau les plus lourdes retombent rapidement au sol, les particules fines restent en suspension dans l’air, plus d’1h pour des particules d’une taille de 5 micromètres.
Dans cette situation, l’utilisation d’un masque pour faire barrière à l’inhalation de ces pathogènes est fortement recommandée. Il est impossible, en revanche, de porter un masque sans assistance respiratoire présentant des trous d’une taille inférieure à celle des particules en suspension. La raison est simple : il serait très difficile de respirer à travers le masque. Pour pallier à ce problème, les masques sont composés de une ou plusieurs couches entrelacées (et non tissées) pour emprisonner les particules traversant le masque.
Dans son guide (p 10), l’Organisation Mondiale de la Santé met l’accent sur l’importance de qualité de filtration du tissu constituant une barrière contre le virus. Le niveau de filtration dépend de l’étanchéité du tissu. Il est préférable, rappelle l’OMS, de réaliser un masque avec 3 couches de tissus utilisant des matériaux comme du coton sur la face non exposée, du polypropylène en couche intermédiaire et du polyester (ou polypropylène) pour la face exposée. Un filtrage efficace comme celui préconisé par l’OMS a deux inconvénients : la respiration devient difficile (on l’a vu avant) et le masque n’est pas parfaitement ajusté au visage, permettant à l’air de s’introduire dans l’intervalle qui les séparent, réduisant ainsi l’efficacité du masque contre le virus.
Le masque en tissu : fausse bonne idée ?
C’est le type de masque le plus facile à concevoir. Un grand nombre de ménage a d’ailleurs pu en fabriquer lors du confinement sur la base d’un patron proposé par les instance de normalisation. Le textile utilisé semble, en revanche, être moins protecteur car conçu selon des caractéristiques différentes que les masques médicaux et ne répondant pas aux standards de qualité imposés par le secteur de la santé.
Peu d’études scientifiques ont d’ailleurs été lancées sur l’efficacité de filtration de ces masques qui n’ont pas été soumis aux différents tests élaborés par les normes sanitaires actuelles. En France, L’IFTH, l’institut français du textile et de l’habillement, a élaboré, en mai 2020, une base de données à destination des industriels, répertoriant 1 200 matières et leurs réponses aux projections et à la perméabilité de l’air. Environ 1/3 sont non conformes à l’usage professionnel en contact avec le public ni à l’usage collectif.
Le masque chirurgical : l’indispensable
Le masque chirurgical est reconnaissable par sa forme plate ou plissée et sa bicolorité, souvent blanche à l’extérieur et bleue à l’intérieur. Ses performances de protection ont été testées à travers des normes standardisées comme ASTM F2100 aux Etats-Unis ou EN 14683 en Europe qui leur donne un bon équilibre entre une haute filtration de l’air (bloquant des gouttelettes jusqu’à 3 micromètres) une protection contre les projections et une bonne respirabilité (p2). Il constitue donc une protection vers l’entourage contre des projections émises par le porteur de masque et vice versa. Le porteur de masque n’est, en revanche, pas protégé contre l’inhalation de gouttelettes inférieur à 3 micromètres présentes dans l’air.
Son objectif principal est d’éviter la transmission de grosses particules dans l’air et non de filtrer l’air pour des gouttelettes plus fines. Des tests standardisés sur la non transmission de particules de 0,06 micromètres à travers les masques chirurgicaux ont montrés des taux de réussite très hétérogènes, allant de 4 à 90%. Cet écart s’explique par le passage ou non de l’air dans les interstices entre le masque et le visage. Il ne rempli clairement pas son rôle dans le cas de contacts prolongés avec des malades.
Le masque FFP : pour les situations extrêmes
FFP (Filtering Facepiece) en Europe ou FFR (Filtering Facepiece respirator) aux Etats-Unis, nous parlons, à quelques détails près, du même type de masque. Il sont dotés de respirateurs de protections avec un degré de filtrage, protégeant le porteur contre l’inhalation à la fois de gouttelettes d’eau mais aussi de particules en suspension. Les maques FFP2 et FFP3 peuvent filtrer respectivement 94% et 99% d’un aérosol contenant des particules solides de 0,075 micromètre. Une tolérance de fuite est tolérée, respectivement en-dessous de 8% et 2%.
La haute imperméabilité de ces masques est plus contraignante : montée en température plus rapide, difficulté à respirer et risque de maux de tête en situation de stress lorsque le port du masque s’étend sur une longue période. Pour pallier à ces contraintes, certaines masques FFP sont équipés d’une valve respiratoire. Les masques FFP sont adéquats pour évoluer avec le mimimum de risques dans des contextes médicaux difficiles. Ils doivent, en revanche, être utilisés avec beaucoup de rigueur et de soins pour garder une efficacité maximale contre le transmission du virus. Il faut savoir enfin que les masques FFP ne protègent pas contre les gaz et vapeurs.
Dans sa récente étude sur les modes de transmission du virus SARS-COV-2 datant du 29 mars 2020, l’OMS avance que la contamination est provoquée en majorité par la projection de gouttelettes d’eau d’une portée d’1 mètre, et non par les particules fines en suspension dans l’air. Bien que les masques FFP offre une meilleur protection à la transmission du virus, les masques chirurgicaux sont suffisants dans la plupart des cas, hors structure médicale.
Les règles à respecter
Il convient de respecter quelques règles à l’utilisation de ces masques. Bien entendu, le port du masque ne dispense pas du respect des gestes-barrières.
Type de masque | Règles |
Tissu | A changer dès qu’il devient humide. A défaut, toutes les 4 heures. Pour les tissus lavables, ne pas dépasser le nombre de cycles indiqué par le fabricant. Lavage à 60° sans séchage sur un cycle de 30 min min. |
Chirurgical | A usage unique. A changer dès qu’il devient humide. A défaut, toutes les 4 heures. |
FFP | A usage unique. Doit être porté moins de 8 heures sur une même journée. |
Sources :
- santemagazine.fr Tout savoir sur les masques de protection contre le coronavirus (français)
- inrs.fr Masques de protection respiratoire et risques biologiques : foire aux questions (français)
- pourlascience.fr Comment fonctionnent les masques de protection respiratoire (français)
- who.int Advice on the use of masks in the context of COVID-19 (anglais)